Patricia Cottron-Daubigné
Ceux du lointain (extrait)
Ici
l’océan
bat
l’espace
offre ses flots puis s'éloigne
laissant l'estran au silence
encore cette année je marche tard dans la saison
sur la plage
si près du jour des morts quel plaisir n’est-ce pas
l’été s’attarde dans le soir
je marche
dans des bruits de famille des petits bonheurs
étroits
et bien tranquilles
je marche je deviens la douceur de l’air
à peine bougée
du plaisir comme à tes mains
dans le soleil couchant
à la surface de l’eau des bras se tendent
des mains
s’accrochent
au cœur doré du soleil
le nôtre
n’a pas de place
pour vous
s’est englouti
dans toutes les paillettes
des mains s’accrochent des bouches s’ouvrent
crient et l’eau les emplit
des mains se tendent et tendent l’enfant
que nous ne sauvons pas
des visages hurlent ou peut-être rien béants
dans le silence
se laissent engloutir
épuisés d’horreur
c’est le jour des morts depuis longtemps sur
votre route.